Sophie Vincent, Directeur de l’IMSEE : « Etre force de proposition »

2019 03 Sophie Vincent

Depuis fin janvier, l’Institut Monégasque de la Statistique et des Études Économiques (IMSEE) a une nouvelle Directrice : Sophie Vincent. Nous avons recueilli ses premières impressions, alors qu’elle succède à Lionel Galfré, très performant à l’IMSEE depuis sa création en 2011.

Pourriez-vous nous présenter brièvement votre parcours ?

Après un Master en gestion et d’aménagement touristique et hôtelier, je me suis orientée vers le droit et les sciences politiques. Après mes études, j’ai occupé différents postes dans le secteur de la formation professionnelle tout d’abord en tant que responsable de la Cellule emploi-jeunes en 2001. Je suis ensuite devenue chef du service de l’emploi en 2009, puis directeur adjoint du travail en 2015. J’ai donc beaucoup travaillé sur l’insertion sociale et le droit du travail, avec également la mise en place de données statistiques ayant trait au marché de l’emploi.
Diriger l’IMSEE, l’une des vitrines de l’Administration, m’est apparu de suite comme une opportunité d’évolution très intéressante car elle permet d’avoir une vue à 360 degrés sur Monaco, de « prendre de la hauteur » et dans tous les domaines.  Je suis également heureuse de travailler avec cette équipe, très performante.

Des étonnements à votre arrivée ?

Lionel Galfré a construit un institut solide, bénéficiant d’une excellente image. Ce n’est pas un étonnement, mais nos statistiques sont un appui technique et scientifique pour un très nombreux public et la fréquentation de notre site internet, entre autres, le démontre. L’IMSEE est devenu une référence, avec un effectif de petite taille : cinq personnes à ce jour, et trois en cours de recrutement. La production de l’IMSEE et de ses équipes est vraiment remarquable, je tenais à le souligner. J’espère que nous serons force de proposition pour de nombreuses études, et dans tous les domaines, pour poursuivre et enrichir le travail qui a été fait par mon prédécesseur.

Quelles orientations souhaitez-vous donner à l’IMSEE ? De nouvelles études sont-elles prévues ?

Nous fournissons, en appui des politiques publiques,  des indicateurs statistiques pour donner une vision réaliste de la Principauté, au niveau global autant que dans des domaines bien particuliers.
A moyen terme, nous travaillons sur une étude en lien avec le Comité pour la promotion et la protection des droits de la femme : violences conjugales, études sur les salaires hommes/femmes.
Nous étudierons aussi le mode de vie des adolescents, particulièrement vis-à-vis des addictions.
Une autre de nos missions est de donner une culture statistique aux entités économiques qui détiennent les données. Ainsi chacun, dans son activité, mesurera l’importance des données, des indicateurs, de leur mode de collecte et de leur analyse.
Enfin, il me semble qu’il faut renforcer la vision de nos travaux à l’international : traduire les publications, participer à des colloques internationaux, créer des liens avec d’autres instituts statistiques.

L’ONU a créé en 2015 la Journée Mondiale de la Statistique. Par ailleurs, l’importance de la qualité des données est sans cesse mise en avant. Pouvez-vous re-situer cette importance au niveau macro-économique, dans les domaines privés ou publics ?

Les statistiques occupent désormais une place prépondérante en matière de gouvernance. Elles permettent de donner des indicateurs clairs et précis, couvrant la totalité des secteurs économiques d’un pays, et ont également pour objectif de permettre des projections, par le biais d’extrapolations notamment.
Il paraît en effet difficile de mettre en place des stratégies de développement si l’on ne parvient pas à dresser un état des lieux objectif avec des indicateurs fiables et mesurables, par le biais de la statistique. La statistique constitue donc le socle de l’élaboration de l’action publique.

Ainsi, les statistiques macroéconomiques permettent de donner une vue d’ensemble, mais doivent être associées à des données microéconomiques. Cette association est nécessaire pour avoir une vision claire et objective d’une situation ou d’un sujet économique à un moment donné.

L’ensemble doit se baser sur des données claires et fiables, correctement structurées. Il n’y a pas de bonnes études sans de bonnes données. Dès lors, tous les acteurs, publics ou privés, doivent être sensibilisés à l’importance de disposer de données solides et de bonne qualité.

En ce qui concerne le secteur de la Finance, on entend souvent dire que les résidents ont un pourcentage limité de leurs assets en Principauté. Mais rien ne le démontre. Serait-il possible d’imaginer une étude pour valider – ou invalider – ces suppositions ?

A ce jour, aucune demande n’a été faite à l’IMSEE sur un tel sujet d’autant qu’une telle étude semble quasiment impossible à réaliser compte tenu, entre autres, du secret bancaire.

Les nouvelles études conduites par l’IMSEE sont fonction des études déjà projetées et des priorités et sont définies et validées par le Conseil Scientifique de l’IMSEE. A ce jour, ce sujet n’a fait l’objet d’aucune demande et n’a donc pas été évoqué en Conseil.

Sous réserve de l’accord du Comité Scientifique et avec l’appui, sur ce sujet, du Département des Finances et de l’Économie, nous restons ouverts à tout support que nous pouvons apporter, tant aux opérateurs privés que publics, en matière d’études et de statistiques relatives à la place financière pour autant qu’elles soient réalisables et qu’elles aient un réel intérêt pour la Principauté.

 

 

Crédit photo : Direction de la Communication / Charly Gallo