10
octobre
2025
Vivre et entreprendre à Monaco

Sabine Calba (BP Med) : « À Monaco, nous jouons la carte du temps long »

Pour fêter les 25 ans de la Banque Populaire Méditerranée à Monaco, sa directrice, Sabine Calba, revient sur les spécificités du marché monégasque, les choix stratégiques de l’établissement et la vision d’une banque universelle, humaine et durable.

Vous fêtez les 25 ans de la BP Med à Monaco. Quel bilan tirez-vous de ce quart de siècle ?

Il y a une grande fierté d’avoir construit ici une vraie banque universelle, capable de répondre à tous les besoins : particuliers, professionnels, corporate et banque privée. Ce positionnement, nous le devons à la vision de mes prédécesseurs, à notre ancrage progressif à travers plusieurs rachats, dont celui, marquant, de Banco Atlantico en 2004. Aujourd’hui, nous avons 1 350 clients corporate, 650 clients particuliers et privés. C’est le fruit d’un engagement constant sur le terrain.

La banque est connue pour son activité avec les entreprises. Est-ce toujours votre cœur de cible ?

Le corporate reste très important, bien sûr. Deux entreprises sur dix à Monaco sont clientes chez nous. Mais nous avons élargi notre spectre. Nous tenons à être la banque de tous les Monégasques, y compris les fonctionnaires, les particuliers, les professionnels. C’est ce qui fait notre force : proposer une approche globale, avec une technicité et une offre produit à la hauteur de chaque segment.

En quoi le marché monégasque est-il si spécifique ?

C’est un marché singulier à bien des égards. Il y a une forte appétence pour la gestion financière, une culture du placement que l’on retrouve moins en France. La clientèle est aussi beaucoup plus tournée vers l’international, ce qui nous oblige à mobiliser davantage d’experts. Et puis, ici, l’exigence est très élevée : les clients veulent le meilleur, tout de suite. Mais c’est stimulant.

Avec 24 banques et plus de 60 sociétés de gestion, la concurrence est rude. Comment faites-vous la différence ?

Nous ne cherchons pas à faire mieux sur un segment, nous voulons faire bien partout. La plupart de nos concurrents sont hyper spécialisés. Nous, nous proposons une approche globale. Un client peut venir pour un financement immobilier et repartir avec un accompagnement patrimonial complet. Ce positionnement universel est une vraie valeur ajoutée.

Monaco est aussi très engagée sur les questions environnementales. Vos clients le sont-ils autant ?

Absolument. Ici, la transition écologique est intégrée plus vite qu’ailleurs, notamment grâce à cette culture financière dont je parlais. Nos clients diversifient leurs portefeuilles en intégrant des critères RSE, souvent avec conviction. Nous-mêmes, nous travaillons à la création d’un fonds dédié à la transition écologique de la Principauté. C’est un axe stratégique pour nous.

Vous avez parlé d’un ancrage local. Comment cela se traduit-il au quotidien ?

D’abord, par notre présence physique : 20 collaborateurs sur place, qui connaissent les clients et le tissu économique. Ensuite, par notre réactivité et notre proximité : ici, on se voit, on se parle, on pousse la porte de l’agence. Et enfin, par des décisions concrètes, comme le basculement de notre informatique sur le système sécurisé du groupe BPCE. Cela garantit fluidité, sécurité, et gestion autonome de tous les profils de clients.

L’entrée de Monaco sur la liste grise a-t-elle remis en question vos choix ?

Pas une seconde. Nous avons une vision de long terme, propre à notre ADN coopératif. Être là pendant les périodes fastes, c’est facile. Mais c’est dans les périodes complexes qu’il faut prouver son engagement. Nous n’avons jamais envisagé de partir. Ce choix du temps long, c’est ce qui fait la différence. Nous assumons notre rôle d’acteur du territoire.

Le modèle coopératif est-il encore un atout aujourd’hui ?

Plus que jamais. Notre banque appartient à ses clients sociétaires. Cela change tout. Cela nous engage à servir, à rester constants, à investir dans la durée. À Monaco, c’est particulièrement précieux. Il faut du temps pour gagner la confiance, pour construire une relation pérenne avec les acteurs locaux et les institutions.

En matière de recrutement, Monaco est-elle un atout ou un frein ?

Un atout indéniable. Travailler ici, ça fait rêver. C’est un marqueur de prestige. Oui, il y a des contraintes d’accès, notamment aux heures de pointe. Mais sincèrement, nous n’avons pas de difficulté particulière à attirer les talents, à condition d’être exigeants sur les compétences. Car j’ai besoin d’experts, de gens pointus, capables de répondre à des demandes complexes.

Un mot sur l’innovation ? Les attentes sont-elles différentes ici ?

Pas tant sur l’innovation elle-même, mais sur sa qualité. À Monaco comme ailleurs, nos clients veulent de la fluidité, de l’anticipation. Mais ils tiennent au rapport humain. L’innovation, oui. Mais sans jamais sacrifier la relation. C’est cette alchimie que nous cultivons, avec le soutien du groupe BPCE et l’agilité de notre organisation.

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