27
octobre
2025
Vivre et entreprendre à Monaco

Antoine Colson : « À Monaco comme à Cannes, le private equity trouve un écosystème unique »

CEO et Managing Partner de l’IPEM (International Private Equity Market), Antoine Colson revient sur la dynamique exceptionnelle du capital-investissement et sur la place croissante qu’y prennent les investisseurs privés. À l’approche du dixième anniversaire de la société, il évoque également les liens étroits entre l’IPEM et Monaco, hub régional incontournable pour la gestion de fortune.

Pouvez-vous rappeler ce qu’est l’IPEM ?

L’IPEM est une série d’événements internationaux réunissant l’industrie mondiale du private equity, ou capital-investissement.
Nous avons commencé en 2016 à Cannes, au Palais des Festivals, sur le modèle de grands rendez-vous professionnels comme le MIPIM. L’idée était d’accompagner la croissance de cette industrie encore émergente à l’époque, qui représentait environ 4 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion dans le monde. Aujourd’hui, ce chiffre approche les 15 000 milliards, et les prévisions pour 2030 évoquent déjà 30 000 milliards : c’est dire la vitesse d’expansion.

Nous avons donc grandi avec cette industrie devenue un pilier de la finance mondiale. L’IPEM a pour vocation de réunir les sociétés de private equity — les GPs — et leurs souscripteurs institutionnels — les LPs — comme les fonds de pension, assureurs, fonds souverains, banques, ou family offices. Ces acteurs investissent dans l’économie réelle, dans des entreprises de croissance en France, en Europe et dans le monde.

Vous évoquez une transformation de l’industrie. Quelles en sont les grandes tendances ?

Oui, cette industrie a beaucoup évolué. Le private equity ne se limite plus à l’investissement en capital : il englobe désormais la dette privée, les infrastructures ou encore les actifs réels. Cette diversification est considérable.Parallèlement, la nature des investisseurs change : aux côtés des grands institutionnels apparaissent de plus en plus d’investisseurs individuels fortunés, souvent via des family offices. C’est une véritable révolution dans notre secteur.Nous observons une croissance annuelle d’environ 20 % dans les segments du wealth management, de la banque privée et de la gestion de patrimoine. C’est précisément sur cette mutation que se positionne IPEM Wealth à Cannes, qui met en lumière l’émergence de ces nouveaux investisseurs, et qui aura lieu les 4 et 5 février prochains, au Palais des Festivals.

Votre devise est “Meaningful connections for private markets”. Comment la mettez-vous en œuvre ?

Le cœur de notre industrie, ce sont les relations humaines. Nous confions des capitaux importants à des experts auxquels il faut faire confiance. L’idée de rencontre, d’échange et de crédibilité mutuelle est donc essentielle. Nous avons conçu un format de salon très efficace : 18 000 m² d’exposition, 300 exposants, et des espaces de rencontres adaptés. L’expérience est facilitée par la technologie : chaque participant indique ses projets ou besoins, ce qui permet d’organiser des milliers de rendez-vous pertinents pendant l’événement.

Mais au-delà de la logistique, nous veillons à créer une atmosphère unique. Cannes offre un cadre méditerranéen exceptionnel : les relations y sont plus détendues, plus mémorables. Les participants repartent non seulement avec des contacts solides, mais aussi avec le souvenir d’échanges humains et constructifs.

Comment sélectionnez-vous les participants ?

C’est une priorité. Nous représentons environ 60 % du marché européen du private equity, avec les acteurs les plus solides. La sélection la plus rigoureuse concerne les investisseurs (LPs). Nous avons une équipe dédiée à leur validation : ils doivent être des acteurs réellement actifs du secteur, gérer des montants significatifs, et disposer d’un vrai pouvoir de décision. Ce filtrage garantit un environnement professionnel de haut niveau.

Quels marchés géographiques vous semblent aujourd’hui les plus dynamiques ?

Le marché reste mondial, mais on observe un regain d’intérêt pour l’Europe, notamment depuis le durcissement du contexte américain.
La France, l’Europe du Sud, la Suisse et Monaco jouent un rôle croissant, notamment grâce à la vitalité de la gestion privée. Ces régions orientent de plus en plus leur épargne vers les fonds de private equity. À côté, le Luxembourg demeure un autre pôle majeur.Nous développons également nos événements aux États-Unis et en Asie, avec la volonté de donner une résonance mondiale à la communauté que nous avons bâtie à Cannes.

Quelles sont les tendances d’investissement que vous observez aujourd’hui ?

Le private equity traditionnel, c’est-à-dire l’investissement en capital dans les entreprises, reste le cœur de notre marché.
Mais plusieurs segments se distinguent :

  • La dette privée, devenue une véritable industrie, en forte croissance.
  • Les infrastructures, domaine en pleine expansion, car il répond à des besoins de long terme et à des transitions majeures : transport, télécoms, data centers, énergies renouvelables, réseaux électriques, hôpitaux, écoles ou aménagements urbains.
  • Enfin, les technologies et l’intelligence artificielle stimulent un renouveau du capital-risque.

Toutes ces tendances traduisent une orientation durable vers des actifs tangibles et d’intérêt public.

Quel est le lien entre l’IPEM et Monaco ?

Nos liens avec Monaco sont historiques et très forts. Dès le lancement de l’IPEM, la Principauté a été un hub naturel, à la fois proche géographiquement et central pour la banque privée et le wealth management. On y trouve des family offices, des fonds souverains et un écosystème financier particulièrement dynamique. Chaque année, Monaco représente une base importante de souscripteurs pour nos événements. Nous y avons conduit plusieurs délégations d’investisseurs, notamment pour rencontrer le Prince et les autorités économiques locales.
La présence du ministre des Finances monégasque à plusieurs éditions en témoigne.

Notre objectif est double :

  • proposer aux investisseurs basés à Monaco un grand rendez-vous international à proximité,
  • et, inversement, encourager certains acteurs de notre industrie à s’implanter et à se développer en Principauté.

Il est probable que des fonds présents à l’IPEM soient déjà actifs dans de grands projets d’infrastructure ou immobiliers monégasques — sans que nous puissions le mesurer précisément. Ce qui est certain, c’est la volonté partagée de renforcer la coopération entre la place monégasque et notre écosystème.

Quelles perspectives pour les prochaines années ?

Nous sommes dans une industrie de croissance, que nous allons continuer à accompagner.
Nos priorités : consolider notre leadership européen, poursuivre notre développement international, et renforcer la valeur des rencontres que nous offrons à notre communauté.

L’IPEM fêtera ses dix ans en 2026 : une étape symbolique qui marquera la maturité d’un événement né à Cannes, devenu désormais une référence mondiale pour les marchés privés.

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