30
septembre
2025
Perspectives

Monaco face aux défis économiques : lucidité, innovation et ambition

Lors du Petit-Déjeuner Conférence organisé par la Jeune Chambre Économique de Monaco (JCI), Pierre-André Chiappori, Conseiller de Gouvernement – Ministre des Finances et de l’Économie, a livré une vision claire et sans détour sur les grandes orientations économiques de la Principauté.

Une économie résiliente, solide et confiante

Dès l’ouverture de son intervention, M. Pierre-André Chiappori a tenu à rassurer l’auditoire sur l’état actuel des finances publiques monégasques. « L’économie de la Principauté se porte bien, et même très bien », a-t-il affirmé. Malgré un contexte international incertain, Monaco affiche des indicateurs macroéconomiques solides, portés par une gestion rigoureuse et une attractivité constante.

Le ministre a notamment souligné la robustesse des recettes publiques, l’excédent budgétaire et le dynamisme de secteurs clés tels que l’immobilier, les services financiers ou encore le tourisme de qualité. « Nous bénéficions d’un tissu économique diversifié, compétitif et aligné avec les spécificités de notre territoire », a-t-il précisé.

Ce socle économique sain offre à la Principauté une marge de manœuvre stratégique pour anticiper l’avenir avec sérénité et ambition. Dans cette optique, M. Chiappori a développé les axes de travail actuels du Gouvernement Princier, articulés autour de la transformation digitale, de l’innovation financière et du renforcement de la souveraineté économique.

Entre prudence et ambition dans l’innovation financière

Abordant le sujet des crypto-actifs, le ministre a exprimé une position nuancée : « J’ai beaucoup de méfiance vis-à-vis des crypto-monnaies, en tout cas celles qui ne sont pas fondées sur des monnaies réelles. Bitcoin, c’est quelque chose que je regarde avec la plus extrême suspicion ». En revanche, il a souligné l’intérêt potentiel des tokens, actifs numériques émis et échangeable sur une blackchain, perçus comme « une innovation financière qui permet une version beaucoup plus souple des droits de propriété ».

Sur ce point, M. Chiappori a rappelé que Monaco s’engage activement dans l’adaptation de son cadre réglementaire : « Ce que nous nous sommes donné comme objectif, c’est qu’à la fin de 2026, nous ayons adopté cette loi ». Cette réforme vise à prendre en compte les évolutions européennes, tout en préservant la stabilité du modèle monégasque.

Diversification économique : viser juste

S’inscrivant dans une logique de diversification raisonnée, le ministre a évoqué le développement de nouvelles activités financières telles que les fonds d’investissement et le private equity : « Ce sont des activités qui pourraient, au moins en partie, être localisées à Monaco », tout en reconnaissant les limites structurelles du territoire.

Il a insisté sur la nécessité d’identifier les freins législatifs et administratifs afin de permettre à ces activités de s’implanter durablement, dans un cadre aligné avec l’identité économique monégasque.

Un État facilitateur, mais non prescripteur

Avec un regard critique nourri de son double parcours en France et aux États-Unis, Pierre-André Chiappori a partagé une réflexion de fond sur le rôle de l’État dans l’innovation : « L’État ne sait pas prévoir l’innovation. Cette idée que l’État peut décider les directions dans lesquelles il faut aller, je m’en méfie ».

Il a néanmoins reconnu la légitimité de certains choix stratégiques « qui conviennent à la géographie et à la sociologie économique de Monaco », tout en appelant les entrepreneurs à cultiver leur singularité : « Votre bonheur, c’est ce en quoi vos idées ne reflètent pas les idées communes. »

Photo : Pierre-André Chiappori, Conseiller-Ministre de l’Economie et des Finances, et Hanna Derrien, Présidente de la JCI.

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