Lors du Petit-Déjeuner Conférence organisé par la Jeune Chambre Économique de Monaco (JCI), Pierre-André Chiappori, Conseiller de Gouvernement – Ministre des Finances et de l’Économie, a livré une vision claire et sans détour sur les grandes orientations économiques de la Principauté.
Dès l’ouverture de son intervention, M. Pierre-André Chiappori a tenu à rassurer l’auditoire sur l’état actuel des finances publiques monégasques. « L’économie de la Principauté se porte bien, et même très bien », a-t-il affirmé. Malgré un contexte international incertain, Monaco affiche des indicateurs macroéconomiques solides, portés par une gestion rigoureuse et une attractivité constante.
Le ministre a notamment souligné la robustesse des recettes publiques, l’excédent budgétaire et le dynamisme de secteurs clés tels que l’immobilier, les services financiers ou encore le tourisme de qualité. « Nous bénéficions d’un tissu économique diversifié, compétitif et aligné avec les spécificités de notre territoire », a-t-il précisé.
Ce socle économique sain offre à la Principauté une marge de manœuvre stratégique pour anticiper l’avenir avec sérénité et ambition. Dans cette optique, M. Chiappori a développé les axes de travail actuels du Gouvernement Princier, articulés autour de la transformation digitale, de l’innovation financière et du renforcement de la souveraineté économique.
Abordant le sujet des crypto-actifs, le ministre a exprimé une position nuancée : « J’ai beaucoup de méfiance vis-à-vis des crypto-monnaies, en tout cas celles qui ne sont pas fondées sur des monnaies réelles. Bitcoin, c’est quelque chose que je regarde avec la plus extrême suspicion ». En revanche, il a souligné l’intérêt potentiel des tokens, actifs numériques émis et échangeable sur une blackchain, perçus comme « une innovation financière qui permet une version beaucoup plus souple des droits de propriété ».
Sur ce point, M. Chiappori a rappelé que Monaco s’engage activement dans l’adaptation de son cadre réglementaire : « Ce que nous nous sommes donné comme objectif, c’est qu’à la fin de 2026, nous ayons adopté cette loi ». Cette réforme vise à prendre en compte les évolutions européennes, tout en préservant la stabilité du modèle monégasque.
S’inscrivant dans une logique de diversification raisonnée, le ministre a évoqué le développement de nouvelles activités financières telles que les fonds d’investissement et le private equity : « Ce sont des activités qui pourraient, au moins en partie, être localisées à Monaco », tout en reconnaissant les limites structurelles du territoire.
Il a insisté sur la nécessité d’identifier les freins législatifs et administratifs afin de permettre à ces activités de s’implanter durablement, dans un cadre aligné avec l’identité économique monégasque.
Avec un regard critique nourri de son double parcours en France et aux États-Unis, Pierre-André Chiappori a partagé une réflexion de fond sur le rôle de l’État dans l’innovation : « L’État ne sait pas prévoir l’innovation. Cette idée que l’État peut décider les directions dans lesquelles il faut aller, je m’en méfie ».
Il a néanmoins reconnu la légitimité de certains choix stratégiques « qui conviennent à la géographie et à la sociologie économique de Monaco », tout en appelant les entrepreneurs à cultiver leur singularité : « Votre bonheur, c’est ce en quoi vos idées ne reflètent pas les idées communes. »
Photo : Pierre-André Chiappori, Conseiller-Ministre de l’Economie et des Finances, et Hanna Derrien, Présidente de la JCI.