Lors du Salon Monaco Business, une table ronde de haut niveau a réuni Mme Ludmila Raconnat-Le Goff, Déléguée en charge de l’Attractivité auprès du Ministre d’État, Mme Mathilde Lemoine, Group Chief Economist Edmond de Rothschild, M.Robert Laure Président de l’AMAF, et M. Stéphane Bruno, Directeur du Développement Économique. Animée par le journaliste Christian Huault, cette rencontre a mis en lumière les atouts différenciants de la Principauté, la complexité du contexte économique mondial et les leviers à activer pour renforcer la compétitivité et le rayonnement international de Monaco.
En ouverture, Mme Ludmila Raconnat-Le Goff a rappelé que l’attractivité n’est pas une politique publique parmi d’autres, mais « la condition même de notre prospérité ». La Principauté s’appuie sur des fondamentaux solides : stabilité institutionnelle, absence de dette publique, fonds de réserve, fiscalité claire et lisible, écosystème compact et agile.
Elle a insisté sur la nécessité de conjuguer tradition et modernité, en renforçant la transparence et la rigueur tout en préservant l’agilité propre à Monaco. L’attractivité, a-t-elle souligné, « est un sport collectif » qui suppose une mobilisation partagée entre gouvernement, acteurs privés et partenaires internationaux.
Mathilde Lemoine a livré son analyse des mutations économiques qu’elle considère structurelles. La montée des tensions commerciales et du protectionnisme, notamment sous l’impulsion des États-Unis face à la Chine, redessine les équilibres mondiaux. Selon elle, nous sommes entrés dans « une phase de transition d’un système de mondialisation vers un système de rivalité de puissances », marqué par l’incertitude mais aussi par de nouvelles dynamiques d’investissement, notamment dans les domaines liés à la souveraineté (énergie, défense, innovation technologique).
Elle a également insisté sur l’importance de la stabilité institutionnelle, désormais perçue comme un atout discriminant dans un monde en mutation. L’Europe, encore trop défensive, gagnerait à définir des stratégies claires, à l’image de Monaco qui a su anticiper sur la transition énergétique, réduisant ainsi sa dépendance.
Pour Robert Laure, l’incertitude mondiale représente autant un défi qu’une opportunité pour la finance monégasque. Les établissements bancaires et financiers, gérant plus de 176 milliards d’actifs, sont appelés à conjuguer rigueur, qualité et conformité aux standards internationaux.
La Principauté, ouverte et connectée aux grandes zones économiques, bénéficie de sa stabilité institutionnelle et de son alignement réglementaire. La gestion de patrimoine reste un pilier essentiel, structuré par des formations obligatoires et qualifiantes pour les professionnels, garantissant un haut niveau de compétence.
S’agissant de la conformité internationale, M. Laure a rappelé les efforts importants engagés dans le cadre des échanges fiscaux et de la lutte contre le blanchiment, confirmant la volonté de Monaco d’être « considérée au même titre que n’importe quel État ».
Stéphane Bruno a mis en avant le dynamisme entrepreneurial, avec plus de 700 créations d’entreprises par an et une croissance de plus de 30 % récemment. Les secteurs traditionnels – commerce, yachting, BTP, immobilier, finance – restent porteurs, tandis que le numérique et ses déclinaisons (IA, applications, archivage électronique) constituent une nouvelle verticale stratégique.
Le Directeur du Développement Économique a insisté sur l’importance d’un accompagnement « sur-mesure », rendu possible par la taille de la Principauté et une administration de proximité. De nouveaux services numériques permettront prochainement de réaliser les démarches administratives 100 % en ligne, libérant du temps pour un suivi personnalisé des entreprises.
Au-delà de l’économie, il a rappelé que l’attractivité repose aussi sur l’éducation, la santé, le logement et la mobilité, autant de composantes déterminantes pour attirer et fidéliser des résidents-entrepreneurs.
En conclusion, les intervenants ont convergé vers un message de réalisme lucide mais confiant. Si les incertitudes géopolitiques et économiques demeurent, la Principauté dispose d’atouts structurels et d’une capacité d’adaptation qui la placent en position favorable.
Comme l’a résumé Mme Raconnat-Le Goff, l’enjeu est de définir une stratégie collective, fondée sur le pragmatisme et la diversité du tissu économique, tout en restant fidèle à l’identité et aux valeurs de Monaco.
Un consensus s’est dégagé : l’attractivité est un projet partagé, qui doit s’appuyer sur l’excellence, l’innovation et la cohésion, afin de consolider durablement la place de Monaco comme hub premium au cœur d’une économie mondiale en recomposition.