Gérard OHRESSER : « investir dans les obligations d’entreprises à bon rating, et dans les obligations d’État… »

2023 01 10 Gerard Ohresser

Le 13 décembre dernier, la banque Edmond de Rothschild Monaco organisait une conférence sur les stratégies d’investissement 2023. Après avoir décliné les perspectives macro-économiques, le cœur du sujet était abordé. Une occasion d’interroger M. Gérard OHRESSER, Directeur Général Edmond de Rothschild Monaco.

Quels sont les meilleurs conseils concernant la stratégie d’investissement dans l’univers erratique que nous connaissons ?

Clairement les banques centrales et les gouvernants doivent aujourd’hui combattre l’inflation, et cette vérité va perdurer dans les mois qui viennent. Ils disposent pour cela d’une arme extrêmement efficace : la hausse des taux. Cette arme est infaillible, le passé l’a démontré : quoi qu'il arrive, les banques centrales finiront par éradiquer l’inflation. Il est légitime de trouver le process un peu lent, mais nous en sortirons.
En termes de stratégie d’investissement, il faut comprendre que l’environnement de 2022 ne sera pas celui de 2023 : l’économie et l’inflation vont nettement décélérer. Dans ce contexte, les obligations d’entreprises à bon rating et les obligations d'Etat nous apparaissent être les supports d’investissement les plus adaptés. Concernant les marchés actions, il s’agit avant tout d’investir dans les valeurs les plus solides, c'est à dire peu endettées, alors que les taux vont rester élevés. Des entreprises très compétitives en matière de qualité de produits et de services, qui pourront donc conserver des marges intéressantes. Ces valeurs actions vont performer à l'avenir, ainsi que quelques small caps dans des secteurs d'activité extrêmement spécifiques.

Justement, quels secteurs d’activité privilégieriez-vous ?

Des secteurs que je qualifierai de classique. Des sociétés faiblement endettées et à même de préserver leurs résultats dans une économie qui ralentit : la santé, la nourriture, les boissons font partie des activités contra-cycliques par excellence.
N’oublions pas que nous sommes entrés dans une nouvelle phase dans laquelle la mondialisation cède progressivement sa place à la régionalisation. Les besoins industriels sont grands particulièrement dans les pays développés.
Enfin dans des secteurs plus spécifiques, nous sommes particulièrement impressionnés par les évolutions des technologies qui touchent aux domaines de la bio médecine et de l’agriculture.

Le mirage des cryptomonnaies est en train de se dissiper ?

Effectivement. Edmond de Rothschild a toujours été intéressé par la blockchain, une vraie technologie d’avenir, mais rétive aux cryptomonnaies. D’autant plus qu’elles peuvent parfois servir de sous-jacents d'investissement pour des circuits de blanchiment d’argent. Récemment, ce qui s'est passé sur les marchés démontre combien ce secteur est fragile. Comme dans tout produit à la mode, certaines personnes pas tout à fait honnêtes prennent le marché, font des promesses invraisemblables qui se transforment en pyramides de Ponzi.
Des cryptomonnaies fiables existeront un jour c’est certain, mais adossées à des banques centrales et à des États.

Un petit bilan sur Edmond de Rothschild Monaco en 2022 ?

Cette année a été un peu particulière pour nous, avec le départ d’Hervé ORDIONI pour la direction de la Banque Privée Internationale du Groupe Edmond de Rothschild à Genève, après 25 ans de présence en Principauté. Nos équipes se sont néanmoins fortement mobilisées. Avec 220 personnes sur notre unique site en Principauté, 2 avenue de Monte-Carlo, à côté des Thermes marins, notre résultat d’exploitation est en forte hausse, et nos clients expriment leur satisfaction. Nous avons également rajeuni le Comité Exécutif, avec l’intégration de Michael MENELLA, en qualité de Directeur de la Banque Privée.

La Principauté est en évaluation MONEYVAL, une remarque sur le sujet ?

Avant d’arriver en Principauté, j’ai travaillé 3 ans en Suisse, 6 ans au Luxembourg et 5 ans en France. Je peux vous affirmer après 20 ans de carrière bancaire à Monaco que la Place financière et les banques monégasques sont extrêmement rigoureuses et sérieuses en matière de lutte anti-blanchiment. La banque Edmond de Rothschild est à la fois contrôlée par l’ACPR (France) et la FINMA (Suisse), c’est dire notre impérieuse nécessité d’être en conformité avec la LCB/FT.