Centre Scientifique de Monaco : l’économie au service de l’écologie

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Le Centre Scientifique de Monaco (CSM), créé en1960 par le Prince Rainier III avait pour objectif de doter la Principauté de Monaco des moyens de mener des recherches scientifiques et de soutenir l'action des organisations gouvernementales et internationales chargées de protéger et conserver la vie marine.

Depuis 1989, le CSM s'est spécialisé dans l'étude du fonctionnement des écosystèmes coralliens (tropicaux et méditerranéens) en relation avec les changements climatiques globaux. La Biominéralisation marine et la Symbiose , processus biologiques clés de ces écosystèmes, sont étudiés de l'échelle moléculaire et cellulaire à l'échelle de l'organisme par deux équipes de recherches aux compétences complémentaires : une équipe de Physiologie et Biochimie et une équipe d'Ecophysiologie.

Le lien entre les biologies marine, médicale, polaire, pôles de recherches du Centre Scientifique de Monaco,  et l’économie n’est pas évident. Pourtant,  Nathalie Hilmi, thésarde en macro-économie, est bien directrice de recherche au sein du Centre. Et la justification de son unité semble couler de source : il s’agit tout simplement d’évaluer les dégâts causés par ce que les néophytes nommeraient « la pollution de la planète », plus précisément, « le changement climatique » et « l’acidification des océans ». On parle ici d’économie environnementale, alors que le développement durable est construit sur 3 piliers : l’économie, l’environnement, et le social. « Il s’agit avant tout de chiffrer le coût de l’action, et de l’inaction, vis à vis des dégâts causés à l’encontre de la biodiversité ». Un exemple : l’acidification des océans entraîne la disparition de certaines espèces, donc un déficit de pêche et d’aquaculture. Cela aura un impact sur la sécurité alimentaire, notamment dans les petites îles où l’on se nourrit très difficilement. « L’impact des dégâts causés peut être très fort sur l’économie et la société, en influant fortement le tourisme, par exemple. Des lieux seront désertés, des populations migreront, voir disparaîtront…Sans compter l’aspect culturel : certaines communautés pensent que l’âme de leurs ancêtres est réincarnée dans certaines espèces, comme les récifs coralliens; leur disparition est perçue comme une véritable tragédie ».

L’économie est donc au service de grandes causes liées au développement durable, avec des applications très concrètes : un workshop est organisé tous les 2 ans, pour détailler l’impact financier et économique de la dégradation des eaux océaniques, des brochures sont largement diffusées. « Les politiques comprennent beaucoup mieux les enjeux lorsqu’ils sont chiffrés, les discours sur la biologie ne passent pas de la même manière ».  Le travail de recherche s’effectue essentiellement en réseau, avec des contacts dans le monde entier : l’enjeu est international. La présentation des conclusions du dernier workshop a été faite à l’ONU. Nathalie Hilmi le confirme « cela donne un écho très important à nos travaux. Une vraie résonnance, portée par S.A.S le Prince souverain, dont l’implication sur ces sujets nous aide beaucoup. Monaco est désormais cité en exemple sur l’économie de l’acidification des océans ». Les objectifs à moyen terme : la mise en place d’indicateurs de développement durable, préconisés par l’OCDE. La coopération étroite avec l’IMSEE, le Gouvernement et la Place financière monégasque devrait permettre de relever le défi.