Vincent Ollivier : « Investir en actions, oui mais… »

2019 01 30 vincent olivier

En octobre dernier, l’Association Monégasque des Activités Financières organisait une conférence sur la Gestion individuelle sous mandat.  Parmi les orateurs, M. Vincent Ollivier, Fund Manager chez GFG Monaco SAM, intervenait sur le thème « Equity low volatility strategies ». C’est sur ce thème que nous l’avons interrogé.

En tant que gestionnaire de fonds, et dans un environnement instable, faut-il cesser d’investir en actions ?

En 2018, nous avons connu une conjoncture compliquée et clairement inattendue : craintes sur un  ralentissement de l’économie mondiale, tensions géopolitiques et économiques, peurs sur l’inflation. Dans ce contexte d’incertitudes, la banque centrale américaine a tout de même décidé de relever ses taux directeurs et cela quatre fois… De fait, 90 % des classes d’actifs ont sous-performé les solutions « cash ». Un phénomène qui n’était plus arrivé depuis 1970.
Globalement 2018 a été marquée par le retour fort de la volatilité après une année 2017 plutôt (très) calme.
Nous avons eu l’impression que la structure de marché était entrain de changer et que le cycle haussier que nous connaissons maintenant depuis plusieurs années s’essoufflait très clairement.
Dans ce contexte tendu, il est raisonnable de se demander s’il est intéressant de continuer à investir en actions. Notre réponse est « oui ». Cependant nous pensons qu’il est primordial  de sélectionner attentivement les facteurs d’investissement capables de surperformer le marché dans un environnement en changement.

Quels sont ces facteurs d’investissements ?

Les différents facteurs d’investissement les plus connus sont les suivants :

  • « Valeur » qui consiste à sélectionner des actions peu chères par rapport aux bénéfices dégagés
  • « Momentum » qui consiste à sélectionner des actions qui ont un momentum (ou tendance) positif
  • « Faible Volatilité » qui consiste à sélectionner les actions les moins risquées ou les moins volatiles
  • « Croissance » qui consiste à sélectionner les actions d’entreprises en forte croissance, souvent avec une croissance à deux chiffres
  • « Dividende » qui consiste à sélectionner les actions dont les dividendes sont stables et élevés
  • « Qualité », qui consiste à sélectionner les actions d’entreprises dont le bilan est sain avec un taux d’endettement peu élevé et des revenus stables
  • « Size», qui consiste à préférer les actions de petite ou moyenne capitalisation aux actions à grande capitalisation

Dans le marché actuel, en proie à un ralentissement économique,  le critère « Low Volatility » vous paraît-il prioritaire dans un choix d’investissement ?

Absolument, les stratégies « Low Volatility » sont de manière historique les stratégies parmi les plus performantes. En effet elles permettent d’être exposé aux phases haussières tout en réduisant les pertes en capital en cas de phases baissières. Ce type de stratégie a fortement surperformé le marché en 2018 et a permis de rester exposé aux actions dans un environnement incertain

Comment avez-vous construit votre stratégie « Low Volatility » ?

Nous avons souhaité créer un modèle systématique, entièrement automatisé et rebalancé de manière mensuelle

Nous avons d’abord défini un univers d’investissement comprenant les 600 plus importantes capitalisations en Europe : les actions de l’Eurostoxx 600.

Ensuite nous réduisons cet univers d’investissement de 600 actions à environ 100 actions en utilisant un « filtre sur la volatilité ». Cette étape est vraiment primordiale et nous avons beaucoup travaillé afin d’avoir un outil fiable qui nous permet de prédire avec un taux de succès important la volatilité des actions sur le mois à venir.

Une fois nos 100 actions identifiées, nous les pondérons en utilisant notre paramètre « Best in Class ». Cet outil optimise le rendement de la stratégie en surpondérant légèrement les actions bénéficiant des meilleurs momentums et en sous-pondérant les actions avec les plus mauvais momentums. Cela nous permet d’avoir une stratégie efficace aussi en phases haussières. Il est en effet souvent reproché aux solutions « low volatility » de trop sous performer en phase haussière

Nous avons d’abord développé cette stratégie via un format indiciel depuis janvier 2016 et via un certificat depuis fin 2016.

Nos avons été très satisfaits de nos performances en 2017 (+13.9% vs +10.6% pour notre univers d’investissement) dans un environnement qui a vu généralement une sous performance des stratégies low volatility.

Concernant 2018, notre stratégie s’est comportée comme nous le pensions en surperformant le marché fortement lors des mois de forte baisse (Février, Mars, Aout, Octobre et Décembre). Ce qui nous a permis de finir de diminuer par deux la lourde perte des actions européennes : -5.41% vs -10.77%.