La notation ESG : une aide concrète pour donner du sens aux investissements

2022 01 20 herpe

Si la Finance Durable est en pleine expansion partout dans le monde, c’est particulièrement vrai à Monaco sous l’impulsion de S.A.S. le Prince Albert II, qui avait déjà permis de créer le premier fonds d’investissement durable dès 2003, CFM Environnement Développement Durable.

Aujourd’hui se repérer dans cet univers foisonnant n’est pas toujours facile, compte tenu des multiples tendances et styles de gestion différents. Quelques exemples : L’investissement Socialement Responsable (ISR) consiste à prendre en compte de façon systématique les critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) dans les décisions d’investissement (achat d’actions, d’obligations...), en plus des critères purement financiers. Par ailleurs d’autres concepts et outils peuvent aussi s’inviter dans le développement de la Finance Durable : notation extra-financière, Best In Class, Fonds d’impact, Fonds thématiques investis sur les problématiques de l’eau, l’alimentation durable ou encore la transition énergétique, etc.
La distribution des fonds ISR connaît un développement rapide au niveau mondial avec environ 2 000 milliards d’euros d’encours pour 3 167 Fonds à fin juin 2021 (source Quantalys).
La crise pandémique n’a pas ralenti cette tendance : sur le 1er semestre 2021, les Fonds ISR ont collecté en Europe + 119 Mds € contre +90 Mds € pour les Fonds non ISR.

Cependant des critiques émergent pour évoquer les risques de Greenwashing.

Qu’en est-il réellement ? La chaire Scientific Beta, à l’Edhec Business School, alerte sur des risques d’écoblanchiment parmi certains Fonds indiciels ESG et souligne qu’au sein des indices boursiers dit « climatiques », les données relatives au climat « représentent tout au plus 12 % des déterminants de la pondération des actions d’un portefeuille ». Fait peu habituel dans ce secteur submergé par les contraintes réglementaires, les professionnels sont les premiers à réclamer des normes communes. Bruxelles s’est emparée de la question depuis plusieurs années. La Commission Européenne a dévoilé récemment de nouvelles réglementations qui vont aller dans ce sens avec la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation).

 La SFDR crée trois catégories de placements ayant différentes caractéristiques responsables. Les Fonds dits « article 8 » promeuvent des caractéristiques extra-financières, tandis que les Fonds dits « article 9 », plus engagés, poursuivent des objectifs de Développement Durable. Les Fonds « article 6 », quant à eux, ne font pas la promotion de critères environnementaux, sociaux ou de bonne gouvernance (ESG).
Quelle que soit leur classification, tous les Fonds d'investissement doivent désormais analyser l'impact des risques ESG sur les entreprises dans lesquelles ils investissent, ainsi que l'impact de ces dernières sur la société et l'environnement. Cela sera-t-il suffisant pour contribuer à sauver notre planète en limitant notamment à 1,5 degré le réchauffement planétaire d’ici 2050 ? La Finance pourra-t-elle à elle seule sauver la planète à coup d’émissions de Green Bonds et autres Fonds ESG ? Une mise en avant trop systématique de la Finance Durable pourrait déresponsabiliser des autorités publiques, qui reporteraient une partie de leurs responsabilités sur les acteurs financiers. L’exemple des centrales à charbon est à ce titre très éclairant : toutes les banques ont cessé de détenir et financer ces centrales mais ce désinvestissement se fait au profit d’acheteurs/prêteurs à bons comptes non soumis aux règles ISR. Seul l’Etat pourrait intervenir pour fermer ces centrales à charbon, mais à un coût social et politique très importants…

Face à ces critiques et ces limites de l’impact de la Finance Durable, nous voyons cependant émerger des pistes d’espoir.

Depuis 18 mois la gestion thématique se fait de plus en plus « durable » au sein de l’offre ESG via une gestion active. Ainsi en 2020, leur part dans la collecte de fonds d’investissement atteignait 40%. La gestion thématique présente l’avantage d’avoir une approche concrète en allant sélectionner les bénéficiaires potentiels d’une tendance économique porteuse (les besoins en eau potable, …) qui séduit notamment la clientèle privée. L’avènement des 17 ODD (Objectifs de Développement Durable des Nations Unies) a également permis de fixer un cadre d’action pour les gérants thématiques afin de répondre à la montée en puissance de l’urgence climatique. Autre évolution qui aura certainement un impact : la notation ESG des portefeuilles d’investissements des clients (3 notes : E, S et G). Disponibles dès la fin d’année 2021 dans notre établissement, ces notations vont permettre de mieux dialoguer avec nos clients sur cette thématique et les aider à renforcer concrètement le sens qu’ils souhaitent donner à leurs investissements.

Avec le recul de la crise épidémique terrible que nous venons de connaître, nous pouvons rester optimistes. En effet si nous avons réussi à sauver des millions de vies grâce à une solidarité mondiale et une collaboration public-privé en un délai record pour la création d’un nouveau type de vaccins, n’avons-nous pas là un magnifique message d’espoir pour mobiliser tous les acteurs économiques et politiques afin de sauver la planète d’ici la fin du siècle ?

 

Crédit photo : @NEWDAYSTUDIO