La philanthropie, élément fort d’attractivité pour la Principauté

2024 01 09 Fabio Vitale

La philanthropie est une démarche personnelle dont les motivations sont diverses. C’est pourquoi BNP Paribas Wealth Management Monaco a créé en 2008 un département spécialisé, offrant à ses clients un conseil personnalisé en philanthropie. Fabio VITALE, Head of Wealth Planning & Impact Solutions, chez BNP Paribas Wealth Management Monaco, accompagne les clients dans la définition d’une feuille de route personnalisée afin d'atteindre leurs objectifs patrimoniaux et philanthropiques.

Comment définiriez-vous le service de conseil en philanthropie ?

Il conjugue deux expertises : le conseil patrimonial et une approche durable holistiques pour aider les clients à déterminer en fonction de leurs valeurs l’environnement dans lequel leur action philanthropique peut intervenir. Notre objectif est d'aider les clients à aligner leur patrimoine sur leurs convictions en matière de développement durable. L’identification des valeurs et objectifs du client est la première étape nécessaire pour identifier sa démarche, puis l’aider à comprendre les aspects stratégiques, opérationnels et financiers liés à la nature du secteur dans lequel il souhaite contribuer. Le client est souvent poussé par un aspect émotionnel. Nous devons lui apporter un éclairage rationnel et des solutions techniques, pour le conduire vers une trajectoire claire.
Nous avons une approche de conseil sur-mesure, composée d’un diagnostic approfondi et d’une proposition de stratégie philanthropique pour réaliser leur projet.

Peut-on parler de planification du projet philanthropique ?

Absolument. Après la première étape que nous avons évoquée, nous menons une analyse du secteur défini par le client : le besoin existe-t-il ? y a-t-il déjà des entités qui satisfont ce besoin ? existe-t-il des possibilités de collaboration avec ces entités ou associations existantes ?
Ensuite, nous déterminons une stratégie, afin que le client puisse mener à bien son projet en faveur de l’intérêt général. Nous envisageons les aspects juridiques et opérationnels : quelle est la structure la plus adaptée à son projet ? Quels sont les aspects juridiques et fiscaux à prendre en compte ? Comment sélectionner les partenaires, les bénéficiaires ?

Enfin, nous planifions la gestion financière du client : quelles sont les ressources financières disponibles ? comment va-t-on gérer les dons ? Peut-il intégrer la durabilité dans les solutions d’investissement ?

Concernant ce dernier aspect nous avons développé un système baptisé « notation en Trèfles ». Il s’agit d’une grille d’analyse interne nous permettant d’attribuer à chaque instrument financier, quelle que soit la classe d’actif, une note en trèfles comprise entre 0 et 10 (dix représentant le niveau de responsabilité le plus élevé) afin d’aider les clients à comparer de façon simple les instruments financiers sur le plan de la durabilité et leur donner une vision de la durabilité de l'ensemble de leur portefeuille.

Nous disposons d’ailleurs d’un outil informatique, MyImpact, pour aider les clients à identifier leurs attentes en matière d'investissements responsables et de philanthropie afin d'identifier les solutions de gestion de leur patrimoine qui répondent à leur conviction.

De façon régulière le client se voit proposer une analyse d’impact de ses efforts, avec, si nécessaire, des suggestions de réorientations.

Quel est le profil des philanthropes aujourd’hui ?

Ils décident de plus en plus tôt de s’investir dans la philanthropie. La philanthropie devient une valeur familiale de cohésion et de transmission. Par ailleurs, beaucoup d’entrepreneurs optent pour une démarche philanthropique inspirée des méthodes de la finance, en particulier du capital-investissement. On parle de « philentrepreneurs », c’est-à-dire des personnes qui veulent gérer leur projet philanthropique avec des méthodes inspirées de l’univers entrepreneurial, un approche dénommée « venture philanthropy ». Ils s’engagent non seulement sur le plan financier, mais mettent également leurs compétences et leur réseau professionnel au bénéfice de leurs causes. Ils sont en recherche d’efficacité et évaluent généralement le « retour social sur investissement ». La jeune génération d'entrepreneurs est particulièrement sensible aussi à l’utilisation des technologies et à l'hybridation des méthodes dans un souci d'efficacité et d'impact global.

La digitalisation de l’économie a donc un impact sur la philanthropie ?

Absolument, les dons se font de plus en plus souvent au travers de plateformes.
L’évolution vers une digitalisation progressive des organisations philanthropiques doit amener des changements de pratiques en garantissant la qualité des données. Le grand enjeu aujourd’hui est la data : la disponibilité des données permet d’identifier exactement où se crée la valeur et permet aussi une totale objectivité de choix pour le client.

En conclusion ?

La vision holistique de la durabilité fait évoluer la philanthropie. En Principauté, S.A.S. le Prince Albert II a défendu les valeurs de durabilité dès le début de son règne. Nous sommes donc dans un contexte extrêmement propice à la philanthropie, avec des personnes fortunées souhaitant donner un sens à leurs actions, et la jeune génération qui prend le relais. Monaco a beaucoup apporté à la philanthropie, et je suis convaincu que réciproquement, l’expertise en philanthropie peut être un élément fort d’attractivité pour la Principauté.